Sylvain Stobordima

L'Incruste La première chose que je fais quand je reçois, au printemps 2016, une invitation à participer à un concours d’écriture d’un roman d’anticipation, c’est chercher la poubelle de ma mailbox. Comme tout le monde sans doute, j’ai lu « Dune » de Frank Herbert dans ma jeunesse. J’en suis sorti peu convaincu. Je retiens mon geste in extremis, sans trop savoir pourquoi. Puis… faute probablement d’absence d’un autre sujet de conversation, j’en parle avec un ami de bar, grand fan de SF.
– Haha, tu n’es pas capable d’écrire autre chose que du polar !
– Pfff, qu’est-ce que tu paries ?
En une semaine, mon plan est bouclé. Et en deux, j’ai mon synopsis ainsi que la documentation nécessaire : je viens de découvrir que le futur me fascine. Le vrai futur, celui que dessinent les recherches actuelles. Dans la foulée, je tiens mon héros : je me suis souvenu d’une émission de la BBC où on expliquait que la science médicale était à la veille de nous permettre de vivre jusque 150 ans. Et qu’à ce moment, on ne sera plus qu’à une vingtaine d’années d’atteindre les 200 ans le sourire aux lèvres. Il me reste à trouver un nom à l’olibrius… Bah, c’est l’ami des robots, non ?
Bouclée en moins de deux mois, « L’Incruste » ne remportera pas le concours – il n’y aura d’ailleurs pas de gagnant car personne n’a vraiment collé au sujet –, mais j’aurai bien rigolé en écrivant ces 250 pages presque d’un seul jet.
Par la suite, je trouvai dommage de laisser mourir Sylvain à la fin de « L’Incruste ». J’imaginai une suite au ton plus polar (on ne se refait pas), avant de fusionner les deux sous le titre…

La Consternation du Cygne

À quoi ressemblera la Terre d’après-demain ?
Où nous mènera l’implacable escalade technologique dont nous ne vivons encore que les prémices ?
Les robots à tout faire nous cuisineront-ils bientôt des brochettes de sauterelles ?
Y a-t-il un avenir pour toutes les graines qui parsèment le Sahara ?

Le monde du XXIII^ème siècle est bien différent de celui que nous connaissons. Le réchauffement climatique a réduit la surface habitable. Les plus riches occupent des « Zones Protégées », isolées du reste du monde par des frontières sévèrement gardées. Surpeuplés et continuellement en proie à des troubles sociaux, les « Cantons » abritent une classe plus ou moins moyenne à qui la modernité et le progrès scientifique n’ont pas amené pas grand-chose. Au bas de l’échelle sociale, les parias relégués dans les parties de la Terre désormais submersibles, survivent à grand-peine dans un environnement qui retourne à la préhistoire. Le Gouvernement Mondial a ouvert à l’émigration quelques colonies extraterrestres, avec un succès modéré : soit elles sont vraiment lointaines, soit l’existence y est pénible pour des raisons physiologiques.
Pour les résidents des Zones Protégées, toutefois, la vie est belle : la médecine a fait de tels progrès que l’éternelle jeunesse est à la portée de ceux qui la souhaitent. Ils profitent d’un environnement privilégié tandis que la plupart de leurs déplacements se font par dématérialisation, via le net.

Après de longues années de recherche et d’efforts, Sylvain Stobordima a réussi l’impossible : créer des robots dotés des mêmes capacités physiques et intellectuelles que les être humains. Pas réellement en phase avec la vie quotidienne, c’est un homme de principes moraux, gentil, droit et honnête. Toutefois, son invention n’a pas séduit que les proxénètes ou les commerçants créatifs : depuis longtemps, le complexe militaro-industriel, rêve de s’approprier les licences et brevets déposés par Sylvain. Ce dernier s’est en effet toujours refusé à fournir au marché, des androïdes dotés de capacités surpassant celles de l’être humain. Mais les multinationales paramilitaires qui ont remplacé les armées d’État, n’ont pas dit leur dernier mot…

Note : Les déplacements par dématérialisation ne sont certainement pas pour demain. Toutefois, il y a 40 ans à peine, on n’imaginait pas non plus que l’on pourrait échanger en quelques clics, des éléments jusque là très matériels comme des photos en haute résolution, des livres, des musiques, des films, voire des objets composites, reproductibles via une « imprimante 3D ». À l’exception évidente des robots androïdes, les autres inventions et procédés évoqués dans ce livre, font déjà l’objet de recherches parfois très avancées à l’heure actuelle – juin 2020.

L’Amer de la Tranquillité

Sylvain jouit d’une retraite largement méritée dans sa propriété des Récollets. Tout se passe magnifiquement pour lui, mais d’autres ne sont pas aussi relax. Harcelé par le Cartel Industriel Mondial, le commandant Mahieux par exemple, a bien du souci car durant son séjour au Nouveau-Mexique, Sylvain ne s’est pas occupé que de créer des gendarmes de l’espace précipitamment démobilisés : il a aussi fondé une petite société qui lance un projet susceptible de changer la face du monde.
Tandis que l’approvisionnement en énergie de la Lune accapare l’attention de l’univers tout entier, les plans de Sylvain viennent déranger un peu trop de monde… alors que lui-même s’est replongé avec délectation dans les récits et les films de James Bond, pour la plus grande irritation de Noëlle.