chilou.net Menu About Home Books Friends & Other Miscellaneous SubMenu Current season Archives

Romans, nouvelles, etc.

J’ai toujours aimé la lecture. Dès que j’ai été en mesure de le faire, ma grand-mère – ma bobonne, belgitude oblige – m’incitait à lui lire des articles de journal. C’était un peu particulier sur le plan pédagogique : les faits divers l’intéressaient au plus haut point. C’était son droit le plus strict, toutefois ces récits d’accidents épouvantables, de vols sournois, de viols odieux et de meurtres crapuleux, avaient le don de me coller la pétoche. Jusqu’à l’adolescence, il m’arrivait régulièrement de regarder sous mon lit avant de me coucher. Si ça fait rigoler quelqu’un, eh bien qu’elle ou il se mette un peu à la place d’un gamin de 7 ans en train de décrire l’exécution de Caryl Chessman à sa grand-mère !
Pour me préserver sûrement, je me mis à me raconter des histoires amusantes. Puis l’idée me vint de les écrire. Mais s’il y a un monde d’écart entre une jolie rédaction et une dissertation bien structurée, il y en a encore un qui sépare la dissert’ de la nouvelle, et un autre entre cette dernière et un roman. Quand on parle d’écrire un livre, on ne s’attache qu’au détail final. Imaginer une histoire, la structurer, la découper en évènements majeurs, compiler et organiser une suite cohérente d’incidents, de faits, puis rassembler la documentation1 nécessaire, repenser le découpage, veiller au flux de manière à soutenir l’attention du futur lecteur : écrire ne vient qu’après être sorti victorieux ce premier parcours du combattant. Premier car un autre suivra, quand quelques amis dévoués s’attaqueront à la relecture du bébé et lui en feront voir de tous les couleurs – vert pour les répétitions, jaune pour le style, cyan pour les ajouts et les suppressions, gris pour la cohérence et la fluidité, magenta pour les autres horreurs… et rouge pour l’orthographe, bon sang !
À l’hiver 2019, j’ai eu le plaisir de voir un de mes bouquins atteindre la finale du concours Polars de la Foire du Livre de Bruxelles. J’étais fier et souriant. Cela n’a pas duré : il n’a pas remporté la dernière étape, la seule qui compte vraiment. J’ai mis un peu de temps à digérer cette défaite, puis je me suis acharné à en découvrir les causes. J’ai compris relativement vite : it’s a long way to the top if you want to rock and roll. Quand on prend la décision d’écrire, on n’est certain que d’une seule chose : on va se ramasser une bonne leçon d’humilité.

En conséquence, la tétralogie X est en train de subir un lifting à côté duquel ceux des stars de Hollywood ne sont que de la roupie de sansonnet. Sylvain Stobordima quant à lui, est impatient de faire découvrir au monde ce qu’il sera devenu au XXIIIème siècle de nos arrière-arrière-(voire arrière)-petits-enfants. Les premiers chapitres de ses aventures dans la Flandre inondée attendent les lecteurs sur sa page.

Je n’ai pas résisté au plaisir de faire revivre mon premier héros : l’ineffable Jean-Norbert mérite aussi un travail de fond – ce qui ne devrait pas être pis pour lui, que les fessées que lui administrèrent des dames pas trop bien intentionnées. Dans l’attente, ses déboires sont proposés intégralement et as is à l’attention avertie de celles et ceux qui n’ont peur de rien.

———————————
1 À propos de la documentation : dans le film Spy Game (Tony Scott, 2001, 74ème minute), où il partage l’affiche avec Brad Pitt, Robert Redford explique à un médecin – qui ne s’en étonne même pas – que ses parents moururent d’une intoxication au CO2. Rien qu’à évoquer les noms de ces deux acteurs, on comprend que la production n’avait pourtant pas lésiné sur le budget. Hélas, au sujet de la documentation, on s’était apparemment contenté d’un à peu près pour le moins… approximatif.
On ne se moquera pas trop : nous avons tous des lacunes dans nos connaissances. C’est à la fois compréhensible et excusable. Malheureusement, ne pas songer à les combler avant de publier quoi que ce soit, revient à partager son ignorance. Ce qui l’est nettement moins.